La-Cave-aux-Mots

La-Cave-aux-Mots

Fred PARONUZZI - Mon père est américain

index.jpg

 

Léo vit en France, avec sa mère Claire. Adolescent sans histoire, il n’a jamais connu son père. Il sait tout au plus qu’il est américain et que sa mère l’a rencontré il y a seize ans, au détour d’un périple aux Etats-Unis organisé avec une bande d’amis. Léo n’a jamais chercher à en savoir plus. Sa mère s’est toujours montrée discrète sur le sujet. Il ne soupçonne pas que ses silences cachent un lourd secret. Puis un jour, le passé resurgit, sans prévenir. Léo apprend que son père est bien vivant, qu’il se prénomme Benjamin, mais qu’il se trouve incarcéré dans une prison de haute sécurité, à l’autre bout de l’Atlantique. Pour Léo, c’est un choc. Une révélation qui l’amène à jeter un regard neuf sur sa propre vie. Il hésite, tenaillé par le doute et la crainte : laisser le temps filer, ou prendre contact avec ce père inconnu ? La force de la filiation comme le besoin de réponses le poussent à entamer une correspondance. Pour Léo comme pour Benjamin, c’est le premier pas vers un indispensable processus d’apprentissage : une étape initiatique pour le fils, et un acte de rédemption pour le père…

Avec Mon père est américain, Fred PARONUZZI signe une fois de plus un roman ado qui fait mouche. Usant d’une plume toujours aussi concise et délicate, il décortique ici la notion de filiation dans un contexte balisé d’écueils. Benjamin, le père américain, n’est pas incarcéré sans raison. Et au choc de la découverte d’un père bien réel succède rapidement chez Léo une peur tenace intimement liée à l’inconnu : qui est véritablement ce père ? Quelle est la nature de ses crimes ? Où peut les mener cette relation naissante ? Père et fils apprennent donc à se connaître par le truchement d’une correspondance. La figure du père se dévoile par une série de lettres entre acte de foi et contrition, missives par lesquelles il revient sur son passé trouble, sur ses actes condamnables, sans jamais œuvrer dans l’apitoiement, jetant sur sa condition un regard lucide dénué de commisération. Le ton reste à la justesse et à la pudeur. Pour Léo, cette apparition inopinée d’un père marque une étape charnière dans sa trajectoire personnelle : elle l’aide à se construire en tant qu’adulte, à lui apporter certains repères qui lui ont cruellement fait défaut jusqu’alors. Léo peut aussi compter sur son entourage : il y a Esther, sa petite amie, mais aussi Yannis et son compagnon Andréas, prof de théâtre. Des proches sur lesquels il peut s’appuyer pour surmonter cette épreuve aussi difficile que décisive. Pour Benjamin, le père américain, cette rencontre par courrier interposé signe l’ultime touche d’espoir d’une vie cernée par l’échec et le regret. Au gré de ses lettres, il étanche une soif d’amour trop longtemps muselée. Au fil des pages, les liens se tissent, solides, durables, entre ce fils un peu perdu et ce père sans avenir. En toile de fond, Fred PARONUZZI nous dresse une description froidement objective de l’univers carcéral, de sa dureté, et de l’iniquité du système judiciaire américain : les avocats incompétents, les procureurs plein de morgue, les mâtons sadiques qui cultivent, avec une cruauté perfide, brutalité et injustice en abusant de leur autorité… C’est aussi ce pan là que le lecteur découvre par l’entremise de Léo. Léo qui poursuit néanmoins son bonhomme de chemin dans la vie, devenant peu à peu un homme, gagnant en stabilité tandis que de nouvelles perspectives s’ouvrent à lui : rencontrer le demi-cercle de sa famille américaine : Betsy, la sœur de son père, ses grands-parents… Derniers jalons d’une maturité enfin acquise, promesses d’un horizon lointain (l’Amérique) qui s’ouvre sur de nouvelles espérances…

 

En l’espace de 140 pages, Fred PARONUZZI nous sert une fois de plus un roman pétri de justesse et d’authenticité. Sur la base d’une relation aux accents d’impossible, il élabore un récit où deux êtres que tout sépare se dévoilent et se révèlent par le regard qu’ils se renvoient l’un l’autre. Tendre, pudique, émouvant et réaliste, Mon père est américain dépasse très largement le cadre de la littérature jeunesse pour trouver un écho chez un lectorat de tout âge.



05/05/2014
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 5 autres membres