La-Cave-aux-Mots

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Salvador MACIP - Hipnofobia

 

Salvador MACIP est né en Catalogne en 1970. Il est chercheur en biochimie et maître de conférences spécialisé dans les mécanismes de mort cellulaire. Il vit actuellement à New York, où il poursuit des recherches biomédicales sur le Cancer. Parallèlement à son activité de chercheur, il est l’auteur de quelques nouvelles et romans évoluant aux frontières de la SF et du fantastique. Hipnofobia est son premier roman traduit en France. Il est publié cette année dans la jeune collection « Thriller » de l’éditeur Black Moon.

 

Dans un bunker militaire hyper-surveillé sis dans le désert. A des dizaines de mètres sous terre, un homme immergé dans une cuve coulée sous plusieurs mètres de béton est l’objet d’une surveillance constante classée « Confidentiel Défense ». Entouré des plus éminents spécialistes mondiaux en neurosciences, son cas met en déroute toutes les théories antérieures produites sur le sommeil : il s’avère qu’il n’a pas dormi depuis plus de trois semaines. Mais il n’y a pas que ça : son activité cérébrale hors-norme laisse perplexe les équipes de chercheurs, et on soupçonne l’inconnu d’être à l’origine du carnage de l’île sur laquelle les autorités l’ont retrouvé : des corps calcinés, mis en charpies et réduits en cendres…comme si une bombe avait explosé sur place. Le docteur Metcalf a été dépêché par le gouvernement afin d’apporter des réponses. Il travaille sous l’œil sourcilleux du général Sandcliff. Mais son étude n’avance pas. Seules subsistent des questions : y’aurait-il un lien de causalité entre l’absence de sommeil et les mystérieux pouvoirs dont l’inconnu semble être doté ? S’agit-il de télékinésie, de pyrokinésie ? Jusqu’à quel point l’inconnu peut-il influer sur le mental de son entourage ? Le docteur Metcalf reste en proie à la frustration : son instinct de scientifique lui souffle qu’il se trouve à deux doigts de faire une découverte aussi importante que celle de la roue en son temps, mais le manque de preuves l’empêche d’établir les corrélations concluantes. Et au-delà de ce constat se pose une autre question : l’humanité est-elle prête à accueillir l’existence d’un tel pouvoir ?

 

La quatrième de couverture positionne Salvador MACIP comme « l’héritier de Lovecraft, Ray Bradburry, ou encore Philip K. Dick ». Excusez du peu ! Ces références, gages incontestables d’attrait, ont été suffisantes pour titiller ma curiosité. Oui. Parce que LOVECRAFT et K. DICK… Quand même. Lorsque j’ai refermé le roman, j’ai dû arriver au triste constat que, parfois, les quatrièmes de couverture se trompent, qu’elles brossent des comparaisons…hasardeuses ? Oui… Car Salvador MACIP évolue à des années lumières de ces maîtres sus-cités. Il ne joue définitivement pas dans la même cour… La thématique d’Hipnofobia recelait pourtant un certain potentiel : partir du principe qu’une absence totale de sommeil puisse accélérer et développer les capacités cérébrales d’un sujet en découvrant les ressources méconnues de son psychisme (télékinésie, télépathie, pyrokinésie…), considérer, au final, le sommeil comme une barrière, un frein à notre évolution et à notre réalisation « d’homme total » (Cf. : John BRUNNER), ça avait ce je-ne-sais-quoi d’enthousiasmant et d’original qui incitait fortement à creuser le sujet. Si l’idée de départ possède une attraction certaine, le roman ne la développe malheureusement pas à la hauteur de nos attentes… (K. DICK et LOVECRAFT…quand même !). On était en droit de s’attendre à un univers cohérent et implacablement tangible dans la mise en forme raffinée de son fantastique horrifique (LOVECRAFT), ou à un jeu pernicieux entre notions de vérité et d’illusion sur la base d’une opposition réalité / rêve (K. DICK). Rien de tout ça. Le roman souffre d’un manque cruel d’ambitions. Le style, déplorablement insipide, donne l’impression d’être la conséquence d’une écriture en dilettante. La construction narrative, hasardeuse, ne parvient pas à soulever chez le lecteur le moindre intérêt pour les deux personnages principaux du roman qui s’affrontent au fil de ses 230 pages : le docteur Metcalf, et le général Sandcliff. Sans reliefs, impersonnels au possible, jamais véritablement cernés par l’écrivain, ces deux figures échappent à leur créateur (dans le mauvais sens du terme) comme au lecteur, et leurs actions motivées par un manichéisme primaire nous indiffèrent à défaut de nous amuser.

LOVECRAFT et K. DICK ? Raté…  

 

Il y avait pourtant matière à faire de l’idée de départ un roman fantastique aux accents de bon thriller, sans forcément marcher sur les traces d’un K. DICK ou d’un LOVECRAFT. Mais pour donner corps à la matière, il faut savoir la tailler. Et c’est ça, le métier d’un écrivain. Syllogisme dont ne peut se revendiquer Salvador MACIP avec ce premier roman décevant, qui ne laissera pas de  souvenir impérissable dans la mémoire des lecteurs potentiellement appâtés par une quatrième de couv’ trompeuse.



03/06/2013
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